Pour parler des foules numériques, je voudrais revenir à l’image de la jeune femme marocaine du début.

La jeune femme marocaine, en utilisant son téléphone portable, s’affranchit du pouvoir (central) de la censure. Le père ou (le frère) c’est celui qui décide, à sa place, ce qui est bien ou ne l’est pas pour elle. Les nouvelles technologies lui permettent aujourd’hui de discuter avec ses copains et ses copines, de prendre ses rendez-vous comme elle l’entend, sans contrôles.

Alors c’est vrai, il y a la face sombre de cette liberté (2).

Les jeunes musulmanes paient  souvent chère (en solitude) cet affranchissement des carcans ancestraux. Celles qui ont
« réussi » profesionnellement ont souvent du mal à trouver un compagnon : les mentalités masculines ont du mal à suivre. Cependant comme leurs aînées qui se sont « libérées » en occident quelques dizaines d’années auparavant, je connais peu de femmes qui voudraient revenir en arrière : la liberté est une drogue dur, elle peut faire souffrir, mais on devient vite accro.

A notre manière, comme citoyen, nous sommes comme ces jeunes femmes marocaines. Avec Internet nous pouvons nous informer, nous exprimer et échanger librement. Comme elles
nous éprouvons cette sensation de liberté. Pour qui a pratiqué le blog (j’en parlerai dans un prochain chapitre), il y a comme une griserie. Entrer dans la blogosphère c’est un peu comme respirer à travers un masque a oxygène : cela a des effets euphorisants.

Si l’information est le fluide vital des démocraties, on peut remarquer que les cerveaux étaient mal irrigués (certains ont utilisé l’image d’infarctus démocratique pour qualifier les blocages actuels). On peut risquer ce clin d’œil : le blog est l’oxygène du peuple.

Alors c’est vrai il y aussi la face noir de l’internet. Internet c’est aussi la liberté pour les terroristes, les pédophiles et je ne sais quels autres monstres de s’exprimer et de conduire leurs méfaits. Cependant je reste persuadé que c’est en combattant ces monstres à la lumières que le combat se gagnera.

Démocratie adulte ?

Le citoyen, comme la jeune marocaine doit accepter un jour de grandir, de devenir adulte et de prendre son destin en main. Le chemin est difficile, mais nous n’avons pas le choix.

Pour décrire là ou nous sommes arrivé, je reprendrai les mots de  « Marc Halévy » dans « L’age de la connaissance » :

"Le politique, au sens classique s’arrogeait un statut et un rôle paternaliste. Il chapeautait la nation et le peuple de façon à pourvoir à ses besoins et à ses attentes, ledit peuple étant infantilisé au nom de la démocratie. L’état et ses appareils prenant la place du Père auquel ses citoyens-enfants devaient à la fois amour (de la patrie, le mot est éloquent), respect et obéissance, en échange de sa protection et de tous ses assistanats."

"Comme en témoignent amplement le marasme et l’inefficience actuels, cette vision est devenue obsolète pour de nombreuses raisons, parmi lesquelles la complication et la globalisation du monde qui laissent les pouvoirs locaux sans aucune influence sur le cours réel des choses …"

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(1) pour reprendre un slogan de mai 68 : "nous sommes tous des juifs allemands"
(2) Sans parler du développement de la prostitution grâce aux portables et aux SMS. Même si c'est un problème que j'estime mineur, il est souvent évoqué par les cenceurs pours justifier un retour en arrière.

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