Révolution ? L’invention de l’imprimerie en rendant possible la diffusion et le partage des idées (à large échelle) a été le vecteur d’une révolution économique (la révolution industrielle) et d’une révolution politique (la révolution française).

A l’heure d’Internet ou la diffusion des idées est instantanée et se moque des frontières on peut, sans se trop tromper, parler d’une nouvelle période révolutionnaire. Si la révolution économique (la nouvelle économie) est aujourd’hui visible, qu’en est t’il des bouleversements dans le champ politique ?

Pour mener une révolution, il faut des révolutionnaires. Où se trouve cette bourgeoisie éclairée, qui sont les Diderot, les Danton, les Napoléon du 21èmesiècle ?

Au sujet de la révolution JF Kahn disait en substance dans une intervention récente à la télévision que les révolutions qui réussissent sont menées par des modérés. Ces révolutionnaires ne sont pas des extrémistes, ils se mettent en mouvement quand le monde autour d'eux devient extrême.

Beaucoup de gens peuvent aujourd’hui se reconnaître dans cette définition.

Diagnostiquer que nous sommes en France (et dans le monde) dans une période de profonds bouleversements jusque là rien de nouveau tant ce sujet est abondamment traité. Pour n’en citer que quelques uns : « L’illusion économique » d’Emmanuel Toddt, « La société de la Peur » de Christophe Lambert, « On achève bien les classes moyennes » Dossier du Journal Marianne. Les constats sont concordants. Essayer d’imaginer ce qu’il y a après (au risque de se tromper) nous a semblé plus intéressant. Peut être que les réponses se trouvent dans l’observation de la génération montante, les moins de 40 ans, ceux qui dirigeront le monde de demain.

Conversation avec Pascal un amis trentenaire diplômé d’une école d’ingénieur parisienne qui disait : « vous savez avoir un pavillon en banlieue, un 4x4 ou une bonne retraite, ça ne me fait pas rêver, de toutes façon je pense que je n’aurai rien de tout ça ». Après quelques années comme cadre chez Renault, il a décidé de quitter « le système » et de s’impliquer dans des projets autour du développement durable.

Parler de décroissance ou de développement durable, dire que nous ne pouvons continuer à consommer comme nous le faisons et vivre dans un monde sans pétrole ce n’est même plus une utopie c’est une nécessité et une évidence.

« Les vraies ruptures viennent toujours de la fraction inférieure de la bourgeoisie » analyse Emmanuel Todd auteur de « l’Illusion économique » . « Pas du prolétariat ni des classes populaires.Le vote négatif du 29 mai dernier ne s'explique que par le basculement d'une partie des classes moyennes inférieures dans la contestation". Serge July avait qualifié cet épisode « d’émeute dans les urnes ».

Peut être que cette révolution ne se fera ni dans la rue ni même à la télévision (1).Elle se passe en dessous dans les câbles qui connectent les gens entre eux. Peut être même qu’elle a déjà commencé.

Alors qu’un pouvoir contesté empêche les regroupements de personnes, sur Internet il est impossible de censurer, d’empêcher les gens de se parler. La révolution en cours c’est tout simplement de revenir aux racines de la démocratie. Internet serait comme la nouvelle Agora, la place de Grèce ou le débat démocratique se faisait aux yeux de tous.

Le phénomène du blog est à la fois le révélateur et l’instrument de cette révolution.
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(1) The Revolution Will Not Be Televised : Democracy, the Internet, and the Overthrow of Everything (Hardcover) de John Trippi – Directeur de la campagne d’Howard Dean.

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