ManifJe parlais au chapitre précédent de l'émergeance des "foules numériques" (1) ? Ces foules d’un nouveau type peuvent t’elles manifester, peut être même un jour se soulever ?

Le Google Bombing Nicolas Sarkozy - Iznogoud est peut-être la première cyber-manif à grande échelle des foules numériques.

Alors que les électeurs ont déserté les bureaux de votes et les Partis, Nicolas Sarkozy, président de l'UMP, envisage de recruter 50 000 nouveaux militants d’ici la fin de cette année. Si il atteint son objectif, son parti comptera 200 000 adhérents. Avec l’aide de ses conseillers en communication il a élaboré une stratégie de communication « innovante ».

Si vous avez passé vos vacances d’été sur les plages vous avez peut être vu passer une caravane publicitaire surprenante : des jeunes militants (UMP) étaient chargés de vous offrir des Freebee, des Tee-shirts ou des petits livrets pédagogiques (avec des mots croisés). Tout cela étant accompagné de slogans à la gloire de l’UMP et de Nicolas Sarkozy.

« Difficile d'adhérer sur une plage ? » s’étonnait le journaliste du monde Le monde (2) « Pas pour l'UMP, qui lance, après l'adhésion par Internet et celle par téléphone, l'adhésion par SMS. Il suffit de taper UMP, suivi de ses nom, prénom et numéro de téléphone portable et d'envoyer le tout au 31-767. Dans la minute, vous recevez un Texto signé Nicolas Sarkozy, vous remerciant de la confiance que vous témoignez à son parti. Dans l'heure, le service des adhésions de l'UMP prend contact avec vous. »

Beaucoup de vacanciers ont du s’indigner d’être poursuivi (harcelé) jusque sur leur lieu de vacances (cela aurait été mon cas), sauf qu’ils ne pouvaient manifester à grande échelle. Il est d'ailleur probable que les statèges en communication n’attendaient pas, avec cette opération, d’adhésions immédiates. Il s’agissait probablement, avec cette démarche, d’obtenir une bonne couverture média, notamment télévisuelle, afin de donner une image « jeune » et « dynamique » du nouveau Ministre de l’intérieur.

Ou trouver de nouveaux militants ? Après la plage, Nicolas Sarkozy est venu nous chercher sur Internet, et c’est là que tout s’est gâté. Car si Sarkozy est une star à la télé, le moins que l’on puisse dire c’est qu’il a raté son entrée sur Internet.

Face à l’envoi massif de courrier non sollicité (ce sont plusieurs dizaines de milliers de personnes qui ont reçu) ou Nicolas Sarkozy nous demandait de le rejoindre et « participer au projet porté par l’UMP » un très grand nombre d’Internautes se sont émus. Quelques jours plus tard, après l’enquête menée par plusieurs bloggers il s’est avéré que cette opération était illégale (3).

Alors comment faire pour manifester sa désapprobation :
> Se regrouper en association et porter plainte au près de la CNIL?
Cela prend du temps, coûte cher pour un résultat aléatoire qui sera jugé dans plusieurs années.
> Manifester dans la rue ?
Pourquoi pas, mais pour quel résultat ? Passer éventuellement à la télé et faire une minute au journal de 20 heures ? et après …

Une cyber-manif a été improvisé. Sur Internet la télévision numéro 1 c’est Google. En réalisant une Google Bomb qui associe le nom de Sarkozy et d’Iznogoud (celui qui voulait être Calife à la place du Calife) sur la première page du moteur de recherche, les bloggers ont manifesté de manière simple et efficace, leur désapprobation.

Si le sarkospam (c’est le nom donné au mailing suspect signé par Nicolas Sarkozy) est une tentative maladroite de coloniser l’espace Internet, le Google Bombing Nicolas Sarkozy - Iznogoud est peut être la première manifestation à grande échelle des foules numériques. Une sorte de « touche pas à mon internet » improvisé sous forme de blague de potache. En affublant le ministre candidat d'un bonnet d'âne virtuel elles ont exprimé leur raz le bol à la propagande médiatique.

Pour l’instant Sarkozy n’a pas besoin d’Internet pour se faire élire, comme le suggérait un blogger (4) mais pour encore combien de temps ?
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(1) Lire à ce sujet Howard Rheingold : les foules intelligeantes.
(2) le monde du 27 juillet 2005
(3) Voir l'enquête de Bertrand Lemaire sur son blog.
(4) En mémoire au « Touche pas à mon pôte »
(5) Voir le blog de versac.

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